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 Élément déclencheur.

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Mérope&Ézéchiel
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Élément déclencheur. Merope-et-eze-05
Mérope&Ézéchiel


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Date d'inscription : 10/11/2010

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MessageSujet: Élément déclencheur.   Élément déclencheur. Icon_minitimeMar 10 Mai - 18:54

« L'Histoire est l'art de raconter les échecs. » Telles avaient été les paroles d'un illustre écrivain, d'un auteur encore plus ancestral que les ancêtres de mes parents. Malgré l'âge de cette citation, elle n'était pas pour autant désuète : elle possède, encore de nos jours, cette dure vérité. Moi-même, en tant que héraut de Clio, j'acquiesce sans honte au sens de cette phrase. Tout cela est un peu contradictoire à ma fonction, n'est-ce pas? Pas du tout. Je transmets l'Histoire aux gens par toutes les occasions possibles tout simplement puisqu'il est nécessaire de la transmettre. L'Histoire du monde est certes souvent obstruée de mésaventures déplorables, mais on ne peut la nier. Car après tout, l'objectif de mon art est l'enseignement : il faut impérativement connaître son passé pour apprendre de ses erreurs et ainsi atteindre un peu plus chaque jour une utopie. Néanmoins, nous sommes bien loin d'accéder à ce paradis tangible : certains omettent de regarder derrière eux et commettent incessamment les fautes qu'ils ont autrefois commises. Parce qu'après tout, l'évolution avance aussi promptement et efficacement que le maillon le plus faible.

Ceci m'amène à réfléchir sur un récit que j'ai vécu il y a quelques jours; une semaine peut-être. Genesis Rhapsodos, porte-parole au Consulat, m'avait envoyé une fois de plus sur le terrain afin d'étudier un certain cas bien singulier. Selon des témoins oculaires et des sources plus ou moins fiables, un père de famille, naguère délicat et aimant tel un agneau, avait bestialement tué sa dulcinée, ainsi que de deux de ses enfants. Comment un être vivant, aussi pitoyable et misérable soit-il, peut-il en venir à commettre un tel acte? Ce fut un geste impardonnable qui condamna trois innocents à une situation malencontreusement irréversible : le repos éternel. Tristement mais réellement, cet homme abject un bon exemple de ceux qui ne prennent guère le temps d'apprendre de leurs erreurs passées…

Je me rendis ainsi sur place, dans la maison familiale maintenant dénuée de toute joie. On m'avait averti qu'un survivant de ce terrible génocide, l'un des jouvenceaux, vivait toujours dans la résidence, accompagné avec mélancolie par son oncle. Bref, je cognai avec une certaine timidité à la porte. Une deuxième fois, puis une troisième. Cependant, personne ne me répondit de premier abord : chancelant entre le désir de réussir ma mission et le respect d'une vie privée, je pris à contrecœur la décision de pénétrer dans la maison sans l'accord des propriétaires. Je ne perdis pas une seconde de plus et m'enfonçai dans les profondeurs du bâtiment, empruntant des escaliers qui, je me rappelle encore, étaient toujours maculés de sang croûté et de marques de griffes… C'était une scène à glacer le sang, pour tout dire, et je m'imaginais déjà le déroulement du triple meurtre intérieurement. J'espérais simplement et fermement que mes pensées atrocement morbides n'étaient point le reflet de la réalité des événements.

J'arrivai finalement à la cave de la demeure, et je restai médusé lorsque j'aperçus au loin les quatre cadavres sur le sol glacial : sa femme, ses deux enfants, et lui-même. Je m'avançais tranquillement vers les corps inertes, et je ne pus empêcher de me retourner quand je distinguai le corps de la plus jeune des victimes : sa peau était lacérée dans tous les sens et des tâches noires recouvraient l'intégralité de son corps comme si on avait voulu le brûler. Mais par-dessus tout, le buste du jeune garçon avait été criblé sauvagement, les écorces sanguines témoignant d'une violence assurée. Je restai là plusieurs instants à observer les cadavres avec une grande répulsion, tentant d'analyser chaque détail afin d'en tirer un dénouement. Pourtant, j'avais si peu d'indices, et il n'y avait aucun arme ni objets contondants sur la scène des crimes. Qu'avait-il pu arriver à cette pauvre et insoucieuse famille?

« Je vous prie de sortir de ma… de cette maison. C'est une résidence privée. »

L'oncle du seul survivant se tenait devant moi, carabine braquée contre moi. Je savais qu'il ne pourrait m'assassiner avec son arme, mais je n'avais pas envie d'attirer l'attention avec mon anormalité. Je fis donc mine d'esquiver une potentielle salve, et abaissai le fusil avec calme. Le garçonnet se trouvait quant à lui sur la dernière des marches, contemplant l'inconnu - en l’occurrence moi - lèvres crispées par l'appréhension. Je prononçai enfin :

« Je ne vous veux aucun mal, monsieur. On m'a envoyé ici pour enquêter sur… le crime. »

« Enquêter sur un crime? À quoi bon? Nous savons tous déjà qu'ils ont tous été assassinés par mon frère et qu'après, ce pauvre idiot s'est suicidé par peur d'être arrêté par les autorités. Voilà la vraie histoire. »

Sa voix était clairement perturbée, laissant comprendre qu'il n'avait pas envie d'entendre parler de ce récit sanglant. Il n'avait certainement pas fait son deuil, et je ne pouvais que comprendre son point de vue. Je me dirigeai donc vers la sortie sans ne rien ajouter, mais au moment où je franchissais le seuil de la cave, mon regard se posa sur le corps ensanglanté du père. Avant de quitter par pur respect envers mes « hôtes », je lançai au loin :

« Je ne crois pas qu'il s'agit de meurtres prémédités et de suicide, monsieur. »

Je traversai la porte et me dirigea à l'extérieur de la maison. Je restai là quelques instants, à observer pour une dernière fois les lieux du crime. Je me rappelle que j'étais perturbé de ne pas avoir pu élucider le mystère, ou du moins en apprendre plus sur ces meurtres intrigants. Depuis mon arrivée au Consulat, je n'avais effectué que quelques tâches dans les quartiers généraux, mais aucune mission de telle envergure. Je venais donc d'échouer ma première réelle tâche en tant que héraut de Clio, artiste de l'Histoire, récent membre du Consulat…

« 'Navré de vous avoir brusqué… Mon neveu est traumatisé, et je ne veux pas qu'il revive un tel événement. »

Je me retournai de sursaut, et je reconnus le frère dudit meurtrier.

« Il n'est pas nécessaire de porter le blâme de choses dont on n'est pas responsable, monsieur. Je comprends parfaitement ce que vous vivez en ce moment, et je comprends que mon intrusion n'était pas appropriée. »

« Ma réaction a peut-être été trop exagérée, sans doute… Enfin, bref. Vous disiez qu'il ne s'agirait pas d'un… »

« Qu'il ne s'agirait pas d'un suicide et d'un meurtre. tout à fait. Le corps de votre frère possède les mêmes anomalies que celles que j'ai remarquées sur ceux de ses enfants et de sa femme. »

« Mais qu'est-ce qui pourrait expliquer un tel acte, alors? »

« Votre frère était-il affecté par une maladie mentale quelconque, aussi diminuée soit-elle? »

« Je… je ne crois pas, non. Enfin, je n'ai rien remarqué de… »

« Papa était bizarre depuis une semaine, mais Maman disait que c'était à cause du travail. »

Nous nous retournâmes en chœur, et nous fûmes tous les deux surpris de voir le seul survivant de ce génocide sur le seuil de la maisonnette. Son regard était profond, rougi par les larmes et enflammé par la tristesse, et son ton de voix laissait entendre un désespoir amplifié par la nostalgie. Il était jeune, innocent, victime des cruautés des cieux. Il venait de perdre ses deux figures parentales et l’entièreté de sa famille. Il venait d'égarer cette joie inépuisable qui comble toutes les enfances de partout à travers le monde. Comment pouvait-il se tenir debout, comment pouvait-il parler alors qu'il avait assisté à cette apocalypse isolée? L'insouciance du jouvenceau, assurément. Peut-être n'avait-il pas pris conscience de l'ampleur du problème... Espérait-il un jour retrouver ses êtres chers disparus...

« Marcus? Ton père était bizarre? »

« C'est ce que Maman disait... Il avait frappé Maman aussi. Et sœurette. »

« Mais pourquoi ne m'en as-tu pas parlé avant? J'aurais pu... »

« Maman disait que ça allait s'arranger bientôt... »

« Marcus... Est-ce que ton père avait... »

« Oui, répondit le jeune garçon comme s'il connaissait déjà la réponse. Quand il revenait du travail, il criait toujours... J'aimais pas ça. Une fois, il avait fait un tour de magie bizarre. Papa avait fait apparaître des bulles toutes noires... toutes bizarres... de ses mains... C'était beau... Y'en avait tout partout! Partout, partout! »

« Des bulles noires? »

« Oui, c'était comme un grand bouclier! Et c'est là qu'il est devenu fou... »

Le temps s'arrêta quelques instants autour de moi. Des bulles noires... La folie... Je tentais de me remémorer certaines pages de certains livres, certaines mots de certaines phrases. Il y avait quelque chose... Quelque chose que je connaissais mais qui m'échappait à ce moment-même. Je cherchais avec une telle ardeur que j'en oubliai la conversation qui continuait de se dérouler tout près de moi. Des bulles noires... La folie... Dans ma tête, toutes mes idées, mes pensées et mes songes se bousculèrent. Je devais trouver, et rapidement.

« Peut-être qu'il avait une maladie ou un virus... Ce serait clairem... »

« Un virus! Non, il ne peut s'agir... Marcus, est-ce que ton père est entré en contact avec d'autres gens? »

« Maman disait qu'il partait souvent pour le travail. Je le voyais pas pendant des jours, souvent... »

« Monsieur, quittez le Jardin Radieux rapidement. Vous ne pouvez rester ici, c'est trop dangereux, et en plus... »

« Que se passe-t-il? Je ne quitterai par le Jardin Radieux. J'ai passé ma vie ici! »

« Je vous expliquerai plus tard... Sans l'enfant. Mais vous devez partir, je vous en prie. »

Je n'attendis même pas une seconde de plus pour quitter à mon tour le Jardin Radieux, courant vers les quartiers généraux du Consulat comme je n'avais jamais couru auparavant. Si ma déduction était bonne, un virus dont le nom m'échappait allait bientôt se propager partout à travers le Jardin Radieux... Un virus contagionnant les gens de façon exponentielle... Un virus condamnant les âmes les plus fortes à la folie, aux péchés et à une mort douloureuse... Un virus qui allait bientôt changer la facette de tous les mondes... Les secondes étaient désormais comptées.
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