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 Ô Thèbes, porteuse d'histoires

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Mérope&Ézéchiel
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Ô Thèbes, porteuse d'histoires Merope-et-eze-05
Mérope&Ézéchiel


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MessageSujet: Ô Thèbes, porteuse d'histoires   Ô Thèbes, porteuse d'histoires Icon_minitimeLun 11 Mar - 19:12

    Et alors que l'espoir s'amenuisait, la voix d'un homme s'éleva dans la masse :

    « Ô Thèbes, ma mère, porteuse de merveilles, n’es-tu donc plus ce que tu as été ? Tu étais fière de ta grandeur, fière de tes guerriers, mais tu n’es désormais que poussière de ton passé. Ô Thèbes, ma majesté, daigneras-tu les pardonner, pardonner à ces dignes bellicistes qui n’ont su redorer l’éclat de ton blason ? Accepteras-tu leur apologie, leur détresse, leur égarement d’espérance et leurs ultimes gémissements ?

    Ô Thèbes, de ta magnificence, feras-tu abstraction de nos actes viciés ? Tes terres sont noircies par une obscure passion, par le sang, par la chair, par des cœurs altérés. Tu n’es plus, ô ma mère, tu n’es plus. Tes quartiers sont souillés, ta gloire s’est éternisée, mais elle a été dévastée. Pardonne-nous, offre-nous ta clémence et nous illuminerons ton sol de nouveau. Offre-nous la pureté d’Apollon et le feu d’Héphaïstos afin d’étouffer les braises d’une guerre imminente. Offre-nous tant et nous te délivrerons de ta déplorable condition.

    Ô Thèbes, ma sœur, messagère de mes pensées. Car le temps glisse et qu’il n’est point éternel, nous te demandons d’être clémente et charitable. Ô Thèbes, grande Thèbes, aide-nous à t’aider.
    »

    Ils attendaient. Ils attendaient en regardant silencieusement le ciel. Leur regard était plein d’espoir, mais plus les secondes se mouraient, plus leurs yeux se teintaient d’appréhension, jusqu’à laisser place à la tristesse. Ils attendaient un signe du destin, un message céleste, mais rien. Rien ne vint les stimuler, rien ne fit briller le cœur de l’un d’entre eux. Désespérés, ils rabaissèrent leurs hoplons, jusque là dignement orientés vers le ciel.

    Ils étaient une dizaine à s'être regroupés pour affronter les forces des ténèbres qui ravageaient la paix du quartier sud. À leur tête, Mickey s'efforçait de trouver une stratégie pour éradiquer les maux de la cité. En fait, cela faisait déjà un bon moment qu'il n'avait pas effectué une mission sur le terrain, étant préoccupé par une myriade de cas au sein de son propre domaine. La dernière fois qu'il avait mis le pied hors de son château, cela datait de si loin, de plusieurs semaines probablement. Bien qu'il semblait un peu rouillé, ses vieux réflexes de rongeur ne s'étaient pas pour éteints : son esprit en quête d'idées bouillonnait. Et il était certain qu'il allait dénicher une tactique efficace pour neutraliser les sans-cœurs qui se propageaient un peu plus loin.

    Les hoplites demeuraient silencieux en attendant les paroles du monarque. Plusieurs considéraient qu'il était assez absurde de se soumettre aux décisions d'une souris, mais ils avaient reçu des informations claires du général; ils faisaient donc preuve d'un maximum de respect et de dévouement envers leur nouveau chef de fortune. Ce dernier pouvait être un fin stratège dans certaines situations, mais, cette fois-ci sa cogitation s'éternisait. Faisant les cent pas entre les guerriers, il se mit à penser à voix haute avant d'interloquer l'un des dix :

    « Depuis combien de jours luttez-vous contre les sans-cœurs, guerriers ? »

    « Une semaine, Votre Majesté ! s'exclama-t-il d'une voix grave. Ils apparaissent chaque matin sans que nous n'en connaissions la cause. Nous les vainquons chaque jour, mais ils reviennent sans cesse. »

    On pouvait ressentir un soupçon d'inquiétude dans le ton de l'hoplite. Peut-être appréhendait-il que les ténèbres se regroupent et deviennent de plus en plus puissants ? Probablement. Et ce guerrier n'était assurément pas le seul à anticiper le pire. De fait, tous les Thébains - qu'ils soient citadins, soldats, philosophes ou même poètes - craignaient de voir leur ville ensevelie par le mal. Leur passé était maculé de mauvaises épreuves et de tristes expériences : ils en avaient assez d'être soumis à la domination des sans-cœurs.

    Réfléchissant de plus belle, Mickey se gratta longuement la tête. Un sourire vint triompher sur ses lèvres quand une idée lui vint à l'esprit. Il en fit immédiatement part aux hoplites alors que sa keyblade apparaissait dans le creux de sa main droite :

    « Guerriers ! Nous les vaincrons aujourd'hui une fois de plus. Demain, à la première heure, nous identifierons la source. »

    Sans attendre une seconde de plus, le souverain s'avança hasardeusement dans les rues de Thèbes jusqu'à atteindre le fameux quartier sud. Dans un synchronisme particulier, tous les hoplites suivaient leur chef. En chemin, ils avaient empoigné leur lance et brandi leur bouclier pour abattre tous les sans-cœurs présents. Sur place, Mickey n'eut qu'à épier momentanément l'horizon pour apercevoir quelques écorces noires qui rigolaient d'une voix stridente. Oh... Cela faisait si longtemps qu'il avait eu la chance d'en affronter. Il fit donc signe aux guerriers de rester sur place et d'assurer la sécurité des passants. Il allait se charger personnellement du cas de ces sans-cœurs.

    Avec prestesse, le monarque resserra l'étreinte de son arme et bondit sur ses opposants. Les prenant par surprise, il n'eut qu'à asséner quelques prompts coups aux créatures les plus faibles pour les voir exploser dans un nuage de fumée. Les autres, alertées, se regroupèrent en quelques secondes seulement et formèrent une muraille devant les yeux du rongeur. Avant de charger, il prit quelques secondes pour les dénombrer : il en compta une trentaine, tout au plus. N'apercevant que des ombres, Mickey pensa qu'il ne s'agirait que d'un jeu d'enfants, mais se mordit les lèvres en constatant qu'il devenait beaucoup plus périlleux de les affronter quand elles étaient ainsi en meute. Il ne capitula néanmoins pas devant la pression - fidèle à ses habitudes -, et chargea en bonne et due forme contre le mur.

    À l'impact, plusieurs d'entre les créatures poussèrent un cri d'horreur avant de s'estomper et de ne plus jamais revenir. Ne prenant même pas une seconde de répit, Mickey chargea sa keyblade de son énergie magique et asséna une série de coups rapides aux sans-cœurs les plus prêts. Lorsque l'extrémité de la clef entrait en contact avec les ombres, des étincelles de lumières étaient produites et embrasaient littéralement les créatures. Elles gémissaient souvent avant de s'évanouir aussitôt, laissant derrière elle que le néant et un peu de brouillard.

    Fier de remarquer que ses talents de guerrier ne s'étaient pas amenuisés avec le temps, il se sentit alors plus motivé que jamais et fonça de nouveau. Il sauta haut, bondit de nouveau comme si l'air s'était durci sous ses pieds et, agilement, il atterrit sur trois ombres qui dansottaient un peu plus loin. Elles n'eurent même pas le temps de soupirer qu'elles avaient déjà rendu le peu d'âme qu'il leur restait.

    Se remettant sur pieds, prêt à charger pour la troisième fois, il n'anticipa pas l'amas de créatures qui vint le bousculer dans son dos. En tombant, il fit une culbute et se releva sans trop de difficultés, mais les sans-cœurs refusèrent d'être vaincus ainsi et répétèrent le mouvement. Cette fois-ci, les ombres, furieuses, s'agglomérèrent autour de Mickey qui, impuissant, se laissa déferler sur le sol. Ils étaient tant autour de lui, dans son visage, sur ses bras, sur son buste et sur ses jambes, qu'il ne pouvait presque plus bouger. Il sentait leurs griffes acérées s'implanter dans sa peau et déchirer ses vêtements. Dans un élan d'espoir, il voulut activer son armure de porteur, mais ses doigts n'atteignirent jamais son épaule. Il fut contraint de se débattre fervemment pendant plusieurs secondes.

    Au loin, les hoplites qui observaient la scène furent alarmés et vinrent porter secours au roi. Cependant, avant même leur arrivée, un halo lumineux se dessina sur le sol. Peu à peu, les cris affamés des sans-cœurs prirent des nuances d'horreur et de souffrance. Ils implosèrent graduellement et le souverain put bouger de nouveau. Quand celui-ci fut affranchi de ses chaînes, il se remit difficilement sur pieds alors que des salves de lumière continuaient d'être propulsées un peu partout autour de lui. Le mysticisme de ce sort s'estompa lentement, n'échappant qu'à quelques armures noires qui continuaient de courir en détruisant tout ce qui trouvait sur leur passage. Les ultimes nuisibles furent empalés de tous les côtés par les lances des guerriers. L'un d'entre eux, l'hoplite avec lequel Mickey s'était entretenu un peu plus tôt, se détacha du groupe pour s'informer de la situation du monarque :

    « Vous allez bien, Votre Majesté ? se questionna-t-il. Le rongeur ne répondit que par un mouvement de tête positif et rapide. La prochaine fois, ne jouez pas aux héros ! Nous sommes là pour nous battre. Nous sommes là pour vous, Votre Majesté. Évitez de vous mettre en danger comme ça. »

    « Ne soyez pas inquiet, guerrier. J'ai connu pire ! qu'il répondit en ricanant. Ensuite, il se retourna vers les autres bellicistes et déclara : C'est tout pour aujourd'hui. Je vous attends demain à la première heure du jour ! »

    N'attendant pas la réponse de ses subalternes temporaires, Mickey reprit le chemin vers le nord de la ville en gambadant. Bien que sa démarche était un peu claudiquante et que ses vêtements étaient légèrement déchirés dans le combat, il ne semblait pas particulièrement affecté par ce combat. Certes, quelques plaies allaient prendre quelques jours à se cicatriser, mais la plupart n'étaient que superficielles. Si cette lutte n'avait pas été tellement ardue, au moins avait-il pu renouer avec d'anciennes passions : détruire des sans-cœurs ! Dieu qu'il adorait les marteler de coups de keyblade !

    Ainsi, quand il arriva près du hangar, il fut accueilli par un des multiples informateurs de la lumière qui l'invita à prendre congé dans sa demeure. Le souverain, sans hésitation aucune, accepta l'offre de son hôte et put se reposer lentement en attendant l'arrivée du lendemain. Entre deux instants de méditation, il en profita pour visiter Thèbes et rendre quelques services à quelques passants. Après tout, s'il était venu ici, c'était pour aider les autres.

    * * *
    Le soleil n'était même pas sur le point de se lever que Mickey, lui, était déjà debout. Au chevet de son lit, il réajustait ses vêtements et faisait apparaître sa keyblade avant de s'engouffrer dans la cité. Sans faire de bruit, il traversa toute la ville en suivant les traces de ses souvenirs. Le quartier sud, lorsqu'il y arriva enfin, était déjà épié par les dix hoplites. Ils patrouillaient un peu partout dans les rues et les ruelles afin d'identifier la source de toute cette histoire. De son côté, le monarque, ébahi de voir le dévouement des guerriers, s'enrôla à son tour dans cette patrouille. Armé de sa vaillance et de sa dextérité, il emprunta les avenues les plus sinueuses et les plus tortueuses dans le but de mettre fin à ces étranges apparitions.

    Une heure plus tard, un hurlement viril brisa la quiétude de l'aube. Le rongeur, tentant du mieux qu'il le pouvait pour rejoindre le son, traversa maintes rues avant d'arriver à destination. Il ne put reprendre son souffle quand il discerna des ombres émerger d'une maison. Sans attendre - et surtout pour éviter que la solution lui filât entre les doigts -, Mickey accourut dans la résidence, faisant tambouriner sa keyblade sur la tête des écorces ébènes au passage. Il ne porta néanmoins pas attention aux sans-cœurs qui commençaient à se ruer vers l'extérieur; il jugea plus opportun de laisser les hoplites s'en charger.

    Dans la plus grande des discrétions, il traversa la cour et s’immisça dans chacune des pièces, abattant tous les sans-cœurs, jusqu'à apercevoir, dans l'une d'entre elles, un homme. Ce dernier, assis et arqué vers l'avant, écrivait fervemment sur une parcelle d'un rouleau de parchemin. Il était si concentré par son travail qu'il ne remarqua même pas la présence de Mickey. Le monarque dut d'ailleurs toussoter bruyamment pour engendrer une réaction chez son interlocuteur. Ainsi alerté, l'homme lâcha tout, se retourna avant de se lever violemment de sa chaise.

    « Halte ! Sortez de mon domicile immédiatement ! » tonna-t-il en brandissant les poings.

    Par mesure de sécurité, le rongeur braqua sa keyblade en direction de l'homme. Il rétorqua :

    « Qui êtes-vous et... que faites-vous ?! »

    « Je... L'écrivain prit son élan pour bondir sur Mickey, mais il s'y résigna à la toute dernière seconde. Après tout, il n'avait pas tellement envie de se battre. Il opta donc pour la méthode simple. Je suis Théophraste de Cynocéphales. Je suis dramaturge et-- »

    « Au nom de la Lumière, je dois cesser vos activités ! » interrompit le souverain furieusement.

    « Laissez-moi... Laissez-moi au moins expliquer ma version de l'histoire. Mon... Monsieur..., balbutia-t-il en hésitant sur l’appellation de son interlocuteur - on ne rencontre pas des souris anthropomorphiques tous les jours ! Je vous en prie ! »

    « Allez-y. »

    « Je suis dramaturge et... J'aspire à la reconnaissance et à la célébrité, Monsieur. J'espère un jour effleurer la grandeur de tous ces hommes qui ont écrit et qui sont devenus d'authentiques légendes sur toutes les rives de la mer Égée ! Mais on n'a jamais apprécié mes mots, Monsieur, on a toujours raillé de mon talent. Ils disent que mon style est trop sombre, que mes palabres sont trop moroses, que mes méthodes sont excessivement difficiles ! fusa-t-il en regardant non pas vers le plafond, mais vers le ciel. Et... Les dieux ont entendu mes supplications, Monsieur, ils ont répondu en ma faveur ! J'ai reçu la visite d'une dame... Une singulière dame ! Elle m'est apparue une nuit de lune noire et elle m'a rendu célèbre en quelques secondes. On connaît mon nom, désormais, on reconnaît mon talent à sa juste valeur. »

    Il y eut une pause. L'homme paraissait vraiment heureux et allègre dans ses conditions actuelles. Cependant, Mickey ne pouvait s'empêcher de regarder son interlocuteur d'un œil perplexe, car sa fable ne racontait pas du tout les raisons de toutes ces invocations. Théophraste comprit que les détails manquaient et décida donc de renchérir, en baissant les yeux :

    « Monsieur... Je serais éhonté de briser le secret, mais je lui ai donné mon cœur en échange de cette notoriété. Il paraissait de plus en plus humilié et, comme pour ne pas être entendu, il baissa graduellement la voix. C'est elle... C'est elle qui propage les ténèbres. C'est elle ! C'est elle qui se sert de mon cœur pour créer ses ombres. Elle dit que mes mots seront connus tant et aussi longtemps que ce pacte est respecté. »

    « Le pacte ? »

    « Lorsque j'écris, ils émanent de moi sans que je le veuille, Monsieur. Elle crée ses créatures quand j'écris. »

    Mickey semblait hésiter. Il ne pouvait déterminer si cette histoire tenait la route ou non. Il se contenta donc de répondre que par un silence des plus complets. Au même moment, un hoplite s'infiltra dans la pièce et brandit sa lance vers l'écrivain. La pointe de l'arme s'enfonça dans la gorge de ce dernier, sans pour autant la cribler.

    « Tout va bien, Votre Majesté ? » s'interrogea-t-il.

    « Guerrier ! Prenez ce malfrat et enfermez-le dans les cachots du château ! »

    « Monsieur ! Vous ne pouvez-- »

    Les lampes à l'huile installées un peu partout dans la salle s'éteignirent d'un coup. Simultanément, une brume vint s'isoler devant les fenêtres, bloquant ainsi les premières lueurs du soleil qui pénétraient dans la demeure. En moins de deux, la demeure fut plongée dans des ténèbres presque absolues. Par précaution, Mickey concentra sa magie dans la paume de sa main et engendra quelques vagues de lumière qui vinrent illuminer temporairement les environs. Néanmoins, le sort éclairait de façon intermittente, ce qui ne garantissait pas une vision parfaite. Quelques secondes plus tard, une silhouette émergea du néant et, comme une lune noire, une lumière blafarde, presque obscure, émana de tout son corps.

    L'ombre était floue, mais présentait la silhouette d'une femme. Ou plus ? Au fur et à mesure que le reflet se matérialisait, on distinguait deux, puis trois paires de bras. Oui, elles étaient trois, trois dames portant d'interminables tissus blancs qui virevoltaient dans la noirceur. Prudemment, l'hoplite et le monarque se reculèrent un peu, alors que Théophraste restait de marbre devant cette apparition. Il ne fit qu'incliner la tête pour souhaiter la bienvenue à cette triade. En chœur et d'une voix réverbérant sur chacun des murs de la pièce, les trois femmes déclarèrent :

    « Nous sommes Hécate. Nul besoin de présentation, Votre Majesté ! Nous savons déjà qui vous êtes... Et sachez que votre nom nous répugne ! »

    Mickey resta irrésolu. Il se retourna vers le guerrier pour chercher réponse à ses questions. Celui-ci s'était d'ailleurs prosterné devant l'apparition, comme s'il cherchait à ne pas la provoquer et à lui dévouer tout son respect.

    « Hécate est une déesse de la Lune, la divinité de la lune noire, chuchota-t-il en restant ainsi positionné. Elle est de la triade lunaire avec Séléné et Artémis... Alors qu'il se relevait, il continua : Avec tout le respect que je vous dois, grande Hécate, je dois quand même préciser qu'elle est la plus... turbulente des trois. On l'implore pour la sorcellerie. On sacrifie pour sa divination. »

    « Grande Hécate ! s'exclama Mickey d'un ton vigoureux. Je vous demande solennellement d'annuler le pacte que vous avez fait avec Théophraste... Pour le bien de tous ! »

    « Oh... Vous n'êtes qu'un simple mortel, Votre Majesté ! Vous êtes vaillant, mais certainement pas immortel... »

    « Elle a raison, Monsieur ! Vos armes ne valent rien contre elle. » seconda l'écrivain.

    « Ils ont raison, Votre Majesté... » renchérit l'hoplite.

    « Trouvons alors un terrain d'entente... » proposa Mickey en abaissant sa keyblade.

    « Un compromis ? Jamais ! » gémit la déesse.

    « Attendez ! poussa le guerrier en s'avançant. Dites-moi, grande Hécate, que pensent Séléné et Artémis de tels agissements ? »

    « Que voulez-vous dire ? »

    « Artémis et Séléné sont elles aussi les déesses de la lune. »

    « Oh... Artémis et Séléné ?! hurla Hécate. Elles n'ont aucun pouvoir sur moi ! »

    « Vous en êtes sûre ? »

    La déesse de la lune noire se tut un moment. Elle parut décontenancée par la tournure de cette discussion. Le souverain, remarquant qu'on venait de toucher le point faible de son interlocutrice, se retourna vers le guerrier et lui murmura quelques mots à l'oreille. Aussitôt, l'hoplite se redressa, s'approcha encore un peu plus d'Hécate et déclara, d'une voix si haute et si décidée qu'elle vint faire frisonner Mickey :

    « Ô Thèbes, ma matrone, porteuse des plus grands exploits, je t'implore d'entendre mes paroles. J'implore les brises de faire parvenir mes palabres jusqu'aux cieux et j'implore les cieux de les guider jusqu'à toi. Nous faisons requête de ta justice, de tes dons, de ton éternelle gloire. Apporte-nous la nuit en cette aube timide, métamorphose ce lever du soleil en crépuscule spontané. Apporte-nous la nuit. Apporte-nous la lune. Apporte-nous Séléné la pleine et Artémis la toute naissante. Apporte-nous la paix en ces temps tourmentés par la foudre des ténèbres.

    Ô Thèbes, l'immortelle, je t'implore encore de nous aider. L'obscurité se propagera sur ton sol, ensevelira ton cœur, submergera le moindre espoir. Seule ta grandeur peut te sauver de cette terrible impasse. Deviens aussi radieuse que dans le passé, deviens aussi lumineuse que dans les souvenirs de la plèbe et reviens. Apporte-nous Séléné la pleine et Artémis la toute naissante afin que nous puissions éradiquer les maux qui te font souffrir, qui t'endolorissent et t'engourdissent. Ô Thèbes, la belle Thèbes, aide-toi toi-même en nous offrant ta bienveillance.
    »

    Un brouillard encore plus épais vint emplir la pièce, aveuglant tous les mortels présents. Deux halos de lumière se dessinèrent dans le plafond et deux silhouettes féminines y émergèrent. La première, une chasseresse, était dotée d'un arc et de ses flèches alors qu'une biche gambadait autour d'elle, lévitant dans les airs comme s'il n'y avait jamais eu de gravité. La seconde était plus menue, mais sa grandeur restait tout de même considérable pour Mickey. Sa peau était aussi blanche que la neige et elle portait des vêtements argentés qui ne semblaient jamais avoir de fin. Elle volait, elle aussi, dansottant dans la pièce en chantonnant d'une voix envoûtante.

    Quand il les vit arriver, l'hoplite était à la fois heureux et stupéfait; heureux de constater que ses implorations avaient été effectives, mais stupéfait de voir qu'elles étaient là, qu'elles s'étaient matérialisées devant ses yeux ébahis. Le roi, quant à lui, admirait toute la beauté de l'événement sans ne rien dire, se contentant d'arborer un sourire ravi. « Laissons-donc les dieux régler leurs problèmes » pensait-il en faisant disparaître son arme.

    Alors, Artémis et Séléné prirent place devant Hécate, la toisant d'un œil mauvais. Ce fut la chasseresse qui prit la parole en premier :

    « Que fais-tu ici, Hécate ? »

    « Mais... Mais rien ! Rien de mal, en tout cas ! »

    « Alors, rajouta-t-elle en se retournant vers les mortels. Pourquoi nous avoir implorées ? »

    « Grande Artémis, grande Séléné, dit le monarque en s’inclinant. Je suis la cause de votre venue... Hécate a maudit cet homme, cet écrivain ! Elle lui a promis une célébrité éternelle en échange de la propagation des ténèbres. Elle doit être arrêtée. N'est-ce pas le travail d'une déesse de simplifier la vie des mortels ? »

    « Rassure-moi, Hécate, dis-moi que c'est faux ! »

    « Je... je... »

    « Tu es incorrigible, Hécate ! C'est la troisième fois que nous te prenons sur le fait. Je commence à comprendre pourquoi les hommes ont décidé de te rebaptiser reine des Enfers... Tu souilles l'image des dieux ! Puis, en se retournant vers Mickey : Nous purifierons cet écrivain. Nous sommes désolées de son attitude... Se retournant encore : Quant à toi... Hécate ! Nous irons voir Hélios... Avec un peu de chance, il pourra t'éclairer un peu. »

    « Sans rancune ! s'écria le monarque, fidèle à sa bonne charité.

    Alors que les déesses disparaissaient tranquillement, la brume les imita. Aussitôt, les rayons chaleureux du soleil vinrent éclairer toute la pièce. D'un coup, toute la tension fut relâchée. On n'eut l'impression que Thèbes venait d'être libérée d'un lest lourd et inutile, comme des nuages gris disparaissaient après la tempête.

    Au même moment, on entendit Théophraste gémir :

    « Je ne serai plus jamais célèbre... Ma carrière est finie. »

    « Oh ! Ne soyez pas si défaitiste. Écrivez donc sur votre journée. Faites-en une tragédie ou, mieux, une comédie. Ce sera du jamais-vu, croyez-moi ! »

    Le dramaturge réfléchit quelques instants et, comme poussé par un élan d'inspiration incontrôlable, se propulsa sur son bureau et commença à écrire avec ferveur. Quant à l'hoplite, il retourna auprès de son unité en saluant solennellement son général d'infortune. Mickey, voyant que son travail était accompli, put reprendre le chemin vers le hangar de la Shinra afin de retourner dans ses quartiers... En posant un pied dans la navette, il soupira :

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