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 Le Champ des bardes

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Mérope&Ézéchiel
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Mérope&Ézéchiel


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MessageSujet: Le Champ des bardes   Le Champ des bardes Icon_minitimeMar 15 Jan - 13:52

Le Champ des bardes

Le soleil peine à éclairer les rues du Jardin Radieux et je me dis que je devrais trouver un endroit pour passer la nuit. Mais je me dis aussi que la veillée est encore jeune et que je pourrais profiter des prochaines heures pour faire, une fois de plus, ce que j’ai véritablement envie de faire. Sans restriction, sans contrainte. Aucune obligation, aucune exigence, aucun devoir. Pour l’instant, je suis tenté d’un côté et de l’autre : un spectacle dansant, une pièce de théâtre sous les lueurs de la lune, un café en plein cœur de l’urbanité, une visite nocturne des tours du Consulat et j’en oublie! Tant d’opportunités s’ouvrent à moi que j’en suis indécis. C’est un sentiment si étrange, d’être aux prises avec trop de possibilités. C’est un sentiment si étrange, d’être surpris à toutes les fois qu’on se rend compte qu’on est libre. Tant d’opportunités, tant de libertés…

Entre mes doigts danse un simple morceau de parchemin qui me ramène à la réalité et qui me fait sourire presque automatiquement. Ces bribes de papier, ce message de la Triade, cette invitation à l’allégresse et au bonheur! Une promenade dans la nuit dans le quartier résidentiel des consuls est une idée fortement intéressante, de même qu’assister à un spectacle où l’on se trémousse, on fredonne et on sautille avec grâce, mais j’ai la soudaine impression que rien ne surpassera cette rencontre avec les ménestrels.

Le Champ des bardes… Je n’ai aucune idée où l’endroit se trouve, ni même à quoi il ressemble. Est-ce véritablement un champ, ou n’est-ce qu’un gîte, une auberge ou une taverne du coin? Je demande à certains passants encore téméraires qui luttent contre la nuit, mais ils me répondent tous d’une voix toute sauf téméraire qu’ils n’en ont aucune idée. Sans indications, je n’ai donc qu’une solution : trouver par moi-même. Je m’engouffre dans les ténèbres en empruntant les ruelles les plus sinueuses et les avenues les moins fréquentées en espérant voir un écriteau ou un insigne, mais rien. Rien de concluant. Que des boutiques fermées, des cafés, des auberges et des demeures à perte de vue. Pas de Champ de bardes, pas de Triade, pas de ménestrels. Rien.

Je m’assois au hasard sur le premier banc que j’aperçois et je ferme les yeux pour ne plus rien apercevoir. Je dois me concentrer, trouver une solution… Je ne veux pas me soumettre à la défaite. Je ne veux pas que…


« Suis la musique. »

Ces paroles, comme portées par le vent, viennent ricocher dans mon oreille. Je sursaute et je regarde autour de moi rapidement, sans même trouver la source des sons. Je suis exténué… Des hallucinations, sans doute. Je ne porte donc pas attention à ce mystérieux phénomène et je me relève, prenant une direction au hasard comme à l’habitude. Avant qu’il ne fasse trop froid, je…

« Suis la musique. »

Mais quelle musique? C’est absurde, il n’y a pas de musique…

« Suis la musique. »

Je m’énerve, cette voix m’irrite. Je dois définitivement trouver une chambre pour la nuit. Les ménestrels pourront attendre encore quelques heures, j’en suis certain. Décidément, les heures tardives de la journée ne sont pas faites pour moi.

« Suis la musique. »

Elle me harcèle, elle m’assaille.

« Suis la musique. »

Ça suffit! Il n’y a pas de musique. Je n’entends rien. Tout ce que j’entends, c’est le piaillement des oiseaux, le sifflement des insectes et les hurlements de certains chiens. Tout ce que j’entends, c’est la nature! C’est la symphonie…

« Suis la musique. »

… de la…

« Suis la musique. »

… nature. C’est ça. Ça ne peut être rien d’autre que ça.

« Suis la musique! »

Je traverse la ville le plus rapidement possible, assez satisfait de ma déduction. Je ne sais encore si ce que je pense est véridique ou non, mais cette voix semble s’être tue. J’en profite donc pour écouter attentivement le silence afin de trouver la source de cette mélodie naturelle. En fait, ma tâche est assez complexe étant donné que les animaux qui chantent encore parsèment les jardins de ce monde. L’un après l’autre, je n’ai donc pas de choix : j’élimine les endroits où il n’y a rien. Dans mon périple, je foule les terres du nord, de l’est, en vain. Tout ce que je parviens à discerner, ce sont des fleurs et des arbres à perte de vue, sans la présence d’une indication et d’une indice supplémentaire. Je n’abandonne pas. Je n’ai jamais abandonné. Ce n’est pas aujourd’hui que la défaite surviendra.

Je me dirige vers le sud des radieux jardins, où les oiseaux piaillent plus fort qu’à l’habitude. À chacun de mes pas, j’ai l’impression d’être encerclé pas une centaine de bêtes volantes qui n’attendent que faux mouvement pour me dévorer. Je regarde… J’épie les horizons sans savoir vers lequel me diriger. Je regarde… Je vois à peine à quelques mètres devant moi. Je regarde… Je ne vois qu’une étendue florale où trônent parfois quelques fiers arbres. Je regarde, mais je ne vois rien. Rien d’éloquent.

Je continue de marcher, car c’est la seule que je peux faire. J’ai l’impression de vouloir capituler, mais je refuse. Je refuse systématiquement de me résigner à la défaite. J’ai trop longtemps été soumis pour décider d’être dominé une fois de plus par la vie. Je dirige la mienne, je tiens dans mes mains les rênes de mon existence. Je mène mon destin là où j’ai envie, et non là où je peux me rendre. Si la fatigue s’empare de moi, la volonté, elle continue de s’accroître. Je dois trouver le Champ des bardes.

Plus je m’avance dans la broussaille, plus les bruits sont persistants, forts, désagréables. Plus je m’avance, plus je suis stupéfait par l’amplification graduelle des sons de la nature. Tout cela n’est pas normal : un brouhaha s’élève, mais je ne vois aucun oiseau, aucun insecte, aucun animal devant moi, ni derrière moi. Est-ce que j’entends réellement ce que j’entends, où n’est-ce que le fruit d’une imagination exténuée? Je n’en sais rien. Depuis que j’ai arrêté d’écrire, et depuis que je me suis rendu compte de ma lassitude, je ne suis plus sûr de rien. Tout semble si vrai, mais tout peut être en fait si faux. Ai-je seulement entendu cette voix qui me disait de suivre la musique? Les bardes sont-ils réels? Est-ce que je suis véritablement libre et affranchi ou je rêvasse depuis trop longtemps? Tout m’apparaît incertain.

Est-ce que je panique ou est-ce que je m’imagine paniquer?

J’essaie d’oublier mes réflexions décousues et sans intérêt. Je m’avance encore un peu plus. Le son est de plus en plus fort, de plus en plus vigoureux. Je continue d’avancer, je continue… Mais le son diminue graduellement. Viscéralement, je me recule pour constater l’effet contraire. Pendant plus de deux minutes, je me dirige donc dans toutes les directions afin de trouver l’endroit précis où les bruits sont les plus amplifiés. Je ne parviens pas à le trouver, je…

Crrr! Mon pied vient de se poser brutalement sur un objet. Automatiquement, presque toutes les créatures des environs se taisent et les jardins sont de nouveau plongés dans leur quiétude habituelle. Curieux, je m’accroupis donc et je ramasse le singulier item. Il s’agit comme d’une boîte sur laquelle on trouve une dizaine de boutons aux formes étranges. Après plusieurs tentatives, je réussis à enclencher l’ouverture d’une minuscule porte dans laquelle je trouve une deuxième boîte. Je n’ai aucune idée de quoi il s’agit, mais je n’en porte pas trop attention. Je décide de fureter les alentours afin de trouver pourquoi cet objet se trouve là.

En effleurant le sol de mes mains, je me rends compte d’une inégalité dans la verdure. D’un geste vif, j’arrache toutes les fleurs qui me calfeutrent la vision et je découvre une simple trappe. Sans attendre, je l’ouvre. À l’intérieur, j’aperçois le commencement d’un couloir qui semble éclairé de mille et une lanternes. Je ne titube donc pas une seconde et je plonge à l’intérieur. Plus je chute, plus je me rends compte que le trou est profond. Voulant éviter les blessures, je ferme les yeux et tente de m’agripper au mur sans y parvenir. Cependant, à quelques instants de mon atterrissage, je me sens ralentir. Mes pieds se posent sur le sol avec délicatesse et douceur. Je ne comprends pas, alors je saute de nouveau, le plus haut que je peux. En m’efforçant, je me rends compte que je peux amortir tous mes appontages.
Quelle créature surnaturelle suis-je devenu? Je peux interpeller des chimères venues d’un monde que je ne connais pas et je peux même les contrôler par la pensée! Maintenant, j’apprends que je peux ralentir ma chute. Ce sera quoi, après? Je peux contrôler le feu et je n’en ai aucune idée? Tout est si bizarre depuis ma libération.

En n’hésitant plus, je m’engouffre dans le tunnel. Je ne sais pas combien de temps je marche, mais je marche longtemps. Je marche longtemps, ou jusqu’à ce que je me retrouve devant une embûche de taille : un précipice. De l’autre côté, j’aperçois pourtant la terre ferme, mais un vide me sépare de celle-ci. Je ne peux l’attendre en sautant, c’est une évidence. Je ne peux non plus espérer sauter, car je ne vois rien d’autre que des ténèbres de plus en plus opaques à l’intérieur du trou. Tout ce que je vois, ce sont des imperfections sur l’une des parois du tunnel, des imperfections qui pourraient me permettre de traverser ce vide sans y tomber. J’hésite… Je n’ai pas tellement envie de risquer ma vie, et encore moins ma liberté. Et s’il n’y avait rien de l’autre côté…

Et si… Je me retourne. Je rebrousse chemin. Je fais quelques pas, mais je suis sitôt arrêté par un mur qu’il n’y avait pas. Que se passe-t-il ici? J’ai envie de me laisser sombrer dans la panique, mais je me calme. Je respire. J’inspire. J’expire… J’ex… Je ne sais plus. Je ne sais plus comment me calmer. Je ne dois pas céder. Je dois résister. Je ferme les yeux. Je suis quelque part, loin d’ici. Quelque part où il fait bon vivre. Je ne suis pas en danger de mort, mais en danger de vie. Tout est plus beau, tout est plus serein. Je respire. J’inspire. J’expire. J’inspire. Je me calme…

Je me retourne de nouveau et, cette fois-ci, je n’attends même pas une seconde avant d’enfoncer mes doigts dans les inégalités de la paroi pour traverser ce gouffre sans fond. J’ai peur, mais je franchis les premiers mètres avant tant de rapidité que je me dis que je n’ai rien à craindre. C’est stupide… J’ai tant à craindre, tant à appréhender. J’appréhende une chute, la mort, la soumission… Je crains tant de choses, mais certainement pas celle qui m’arrive. Je ne vois pas cette flèche émerger du mur opposé, et je ne la vois pas s’empaler dans la chair de mon mollet. Je ne vois rien de tout ça. Pourtant, je le sens, je le sens affreusement. Surpris, mes mains se détachent de son emprise, et je tombe dans le vide. Je me sens déjà mourir.

Suis-je mort?



Je rouvre les yeux. Je suis toujours dans ce tunnel, mais ma perspective des lieux est différente qu’il y a quelques secondes. En lançant quelques regards furtifs autour de moi, je me rends compte que je me trouve par-dessus le gouffre, non pas à la verticale, mais à l’horizontale. Le couloir n’étant que très peu large, mes mains sont parvenues à s’appuyer contre l’une des parois alors que mes talons sont restés solidement ancrés dans l’autre. Je suis couché par-dessus un vide. Je vois mon boulet se balancer sous moi. Mes jambes tremblent. Mes bras tremblent. Je tremble… De peur, de fatigue physique. Je tremble.

Je dois me mettre à l’évidence : je ne pourrai rester bien longtemps dans cette position. Mes muscles vont fléchir bientôt si je ne réagis pas. J’essaie de me mouvoir, mais je suis transi par l’effroi et par l’angoisse. J’ai l’impression qu’il n’y a plus aucune issue et que je devrais abandonner. Mais, de l’autre côté, mes mains refusent de céder, de relâcher la pression pour me laisser crouler dans ce gouffre. Ma tête et mon cœur sont en constante lutte. L’un me dit que les efforts sont inutiles, l’autre me dit que je dois rester vaillant et persévérer. Je ne sais plus quoi faire, je ne sais plus…

Je… Je n’écoute ni l’un, ni l’autre. Je décide de suivre mon instinct et d’avancer. Je lève mon pied, je le dépose un peu plus loin. Je lève mon pied gauche, je le dépose un peu plus loin. J’effectue la même tactique avec mes mains. Chaque mouvement est un véritable martyr. Je sens comme mille épines me traverser la peau à chaque fois que j’ose me déplacer. Et je continue de m’avancer, de traverser ces douleurs atroces pour retrouver la terre ferme de l’autre côté de la falaise. Lorsque, devant mes yeux, je distingue un peu de sable, je me laisse lâchement tomber. Je ne sais pas si je perds conscience ou si je reste éveillé, mais je demeure beaucoup trop longtemps dans cette nonchalante position, à ne pas bouger, à ne pas esquisser le moindre mouvement, à même éviter de trop respirer. Je suis exténué, littéralement exténué.

Lorsque je reprends mes esprits, je décide de me relever pour continuer de marcher. Après tout, si je ne fais rien, je périrai ici parmi les blattes et les insectes nuisibles qui rampent à mes côtés. Durement et lentement, je recommence à marcher très brièvement avant d’apercevoir une enseigne. Je souris. Mon sourire se fend jusqu’aux oreilles. Je suis si heureux, si heureux d’apercevoir ces quelques mots. Je suis arrivé, enfin, j’ai réussi.

Le Champ des bardes… C’est donc ici? Le cœur plein de satisfaction et de fierté, j’ouvre la porte. J’espère voir les bardes, des instruments de musique, un lit et un gallon d’eau, mais je ne vois rien de tout cela. Je ne vois qu’une salle vide, totalement vide. Non, elle n’est pas vide. Elle n’est pas vide… Un loup. Un loup aux dents acérées et à la queue épinée sommeille à quelque pas de moi. Il semble protéger quelque chose… Une porte. Cette porte. Elle me mènera chez les ménestrels, j’en suis certain. Discrètement et silencieusement, je perpétue donc ma marche. Mes pas sont légers, mais mon boulet est en constante friction avec le sol. J’espère que ça ne le réveillera pas, que je pourrai franchir cette salle sans trop de problèmes pour enfin… pouvoir dormir. J’espère. J’espère tant.

Tant d’espoirs réduits à néant.

Au moment où ma main se pose sur la porte, j’entends un grognement enragé. Tout ce que je sens, quelques secondes plus tard, ce sont ses canines qui s’enfoncent dans la chair de mon dos. Étreint par la souffrance, je chute et je tourne sur moi-même en espérant qu’il relâche sa prise. Voyant que mes actions sont vaines, je décide de me relever et de me laisser tomber violemment sur le dos pour le heurter. C’est très efficace! Je l’entends gémir, pleurer et se plaindre et je le vois galoper jusqu’à rejoindre l’autre extrémité de la pièce. Cependant, cet instant de répit ne dure pas bien longtemps, car aussitôt son mal se mute en une colère irrépréhensible. J’appréhende le pire.

Je le vois courir, je vois qu’il est furieux, enragé. Je vois qu’il me tuera si je n’agis pas. Je finirai dévoré par un loup et on ne retrouvera jamais mon cadavre démembré. Je serai oublié… Je ne veux pas qu’on m’oublie! J’ai tant de choses à prouver, tant de choses à expérimenter et tant de choses à franchir avec de me laisser enlacer par la mort. D’un geste vif et inopiné – même pour moi – j’arrache la flèche de mon mollet en hurlant de souffrance par anticipation. Je ne cesse pas de hurler, je ne cesse pas. J’empoigne la flèche, je la pointe en direction de la créature qui s’approche toujours de moi. Elle bondit. Elle ouvre la gueule. Elle est prête à me dévorer.

Je ne suis pas prêt, moi.

Alors que la bête sanguinaire n’est qu’à quelques centimètres de moi, j’enfonce la flèche dans les profondeurs de sa gorge. Elle tombe sur le coup, avant d’entrer en convulsion, de se vider de son sang et de rendre l’âme. En même temps qu’elle, je tombe à genoux et je me mets à ramper vers la porte. Je l’ouvre… Je l’ouvre. Je traverse le portique, les yeux fermés par le soulagement et par le contentement! Lorsque je décide des les rouvrir, je ne suis pas au Champ des bardes, mais simplement dans un champ… Le même champ duquel je suis entré dans la trappe, puis dans le tunnel. Je… je ne comprends pas.

Avec les dernières forces qu’il me reste, je regarde autour de moi. Je vois apparaître la Triade. Ils gambadent vers moi, joyeux, heureux, allègres. Le barde chanteur me tend la main et s’exclame :


« Dites donc, jeune homme, vous êtes un sacré combattant! Nous savions que vous étiez celui que nous cherchions, mais maintenant, nous en avons la preuve. »

Il se met à rire.

« Cependant, vous devrez travailler votre force d’esprit, mon cher. Nous sommes parvenus à créer en vous toutes ces illusions sans aucun problème et avec une facilité déconcertante. Vous êtes peut-être assez vaillant, mais vous êtes plutôt faiblard mentalement parlant. »

Je ne comprends pas.

« Nous vous expliquerons en chemin! »

Ils étalent un brancard de fortune sur le sol et, ensemble, ils me lèvent pour me déposer dessus. Ils me transportent je ne sais où, mais je me laisse transporter. Le barde chanteur commence à parler en me décrivant chaque détail de mon périple, mais je ne comprends toujours pas. Illusions? Hallucinations? Musique et magie?

Oh! et au diable! Ils m’expliqueront plus tard. Adieu, je dors.
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