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Mérope&Ézéchiel
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MessageSujet: Près des étoiles   Près des étoiles Icon_minitimeJeu 24 Jan - 20:49

Le temps d'une cigarette

Je lis sans arrêt depuis deux jours. Dans la pénombre de mes quartiers au Champ des bardes, je ne fais que ça. Je lis, je relis, je m’émerveille, je suis déçu. J’apprends à connaître les protagonistes, j’apprends à les apprécier, à les détester puis, au terme des fables, à les regretter. Je lis. À vrai dire, je n’ai jamais pris le temps, dans le passé, de lire, trop concentré par mes propres mots. Pourtant, ceux des autres sont si différents des miens, si grandioses. À chaque ligne, je suis comme un enfant abasourdi par la beauté d’un rien. À chaque fois, je suis de plus en plus submergé. Je me laisse emporter par les vagues lyriques des auteurs en refusant d’amarrer. Je suis en pleine dérive. Je suis bien.

Si je lis, pourtant, c’est plus que par simple plaisir personnel. En fait, je lis pour
elle. Pour cette elle qui m’émerveille beaucoup plus que tous ces livres qui gisent à côté de moi. Je ne pourrais dire comment j’en suis arrivé là, mais j’y suis. Je ne pourrais pas non plus dire ce qui se passe, mais il se passe quelque chose. En moi, en elle, en nous. Je suis… Je suis incapable de ne pas penser à elle. Je suis incapable de lire une simple phrase dans un bouquin sans la comparer à son existence et à ce qu’elle est. Elle est comme une curiosité que je ne parviens jamais à assoupir.

Je ne pourrais expliquer tout ce qui bouscule en moi. Des sentiments étranges, des désirs que je n’avais jamais côtoyés, des envies que je ne connaissais pas. Tout ce que je sais, c’est qu’elle m’attise, qu’elle m’attire, qu’elle me captive. Dans un conte que j’ai lu et relu, le personnage principal comparait celle qu’il aimait à la gravité. Il disait que peu importe la distance qui les séparerait, peu importe comment haut il bondirait, il finirait toujours par revenir vers elle, incité par quelque chose de plus grand que lui. C’est un peu ce qui se passe avec moi. J’ai beau tenter d’écrire ou de faire autre chose, mais je finis par me dire que je n’ai pas envie de faire autre chose. J’ai l’impression d’avoir besoin de penser à elle… C’est une curieuse émotion.

Je lis donc pour elle. Je lis parce que j’ai compris, au bout de quelques autres rencontres, qu’elle a un quelque chose de plus que j’apprécie. Elle est un peu comme l’écriture… Un quelque chose qui me plait et qui me rend heureux sans que j’en sache véritablement la raison.

Je divague. C’en est ridicule. Mes pensées se décousent au fur et à mesure que je pense. Ainsi je lis. Je lis toute sorte d’histoires, de fables et de récits parce que j’ai décidé que je devais l’inviter quelque part. Je dois, une fois pour toutes, savoir ce qui se passe et savoir pourquoi ma respiration se coupe tant quand je suis près d’elle. Pourtant, alors que je pourrais me contenter d’un café au coin d’une table ou d’un repas au clair de lune, je suis perplexe. Je crois qu’elle mérite plus que ça, plus qu’une simple banalité qu’elle finira par oublier. Au fond, est-ce que je suis sur le point de poser un geste purement égoïste? J’ai l’impression que je ne veux pas qu’elle m’oublie… Je ne comprends pas. Je ne me comprends pas.

Je lis… Je finirai par en venir à ce que je veux dire. Je lis parce que je veux trouver une idée à sa hauteur, mais je ne connais rien de ce monde, rien des aspirations des femmes, rien de ce qui les rend triste, de ce qui les enivre, de ce qui les inspire. La seule solution que j’ai trouvée est la littérature, dans laquelle on rencontre une myriade de personnages en quête d’amour, en manque de passion et en chagrin d’intérêt. Peut-être que dans l’un de ces livres se trouve la réponse à ma question?

Je continue de lire, donc, c’est tout ce que je peux faire. J’ouvre un nouveau livre, j’en lis les idées principales, je le referme. Mes yeux s’illuminent. Je laisse apparaître un large sourire sur mes lèvres. Je m’habille le plus rapidement possible, je traverse la ville à toute vitesse, je bouscule les passants, j’entre dans une boutique. Je me procure quelques vêtements, rapidement, je les revêtis. Un t-shirt blanc, une chemise à capuchon noir, un nœud papillon de la même couleur. Je suis prêt. Je crois que je le suis. Je sens que je le suis. Suis-je prêt? Je n’en sais rien, mais je fonce comme si je l’étais.

Je traverse l’autre partie de la ville et je me dirige vers les logements du Consulat avec une aisance particulière. Je connais le trajet par cœur. Je l’ai traversé et franchi tant de fois. J’ai rebroussé chemin tant de fois, aussi… Cette fois-ci, je charge. Sans reculer. Sans arrêter. En moins de deux, j’atteins ma destination. Je me tiens à quelque pas de la marquise de sa demeure. Je scrute l’un des murs, en sachant pertinemment laquelle de toutes ces fenêtres mène à sa chambre. Je l’ai vue tant de fois me quitter à la fin d’une soirée, s’estomper dans l’édifice et réapparaître comme une ombre dans au travers de cette vitre. En cette fin de journée, je verrai sa silhouette apparaître une fois de plus.

C’est étrange… Ce que je ressens, dans l’immédiat, ce n’est pas de l’anxiété, ni de l’angoisse. C’est un sentiment de curiosité si fort, si intense que j’en perds tous mes moyens.

Je prends mon courage à deux mains avant d’empoigner un morceau de parchemin et une plume sur laquelle j’écris ces mots : « Tout à coup, alors que le soleil était sur le point de se coucher et que de précieuses secondes filaient entre les doigts d’un jeune émerveillé, un dragon ébène aux multiples pétales de rose fendit les cieux pour lui venir en aide. » À l’instant où je mets le point final à la phrase, les nuages se regroupent pour ne former qu’une nuée grisâtre. Au même moment, un dragon d’une grandeur incroyable déchire le ciel. Recouvert de roses aux couleurs vivifiantes qui contrastent avec la noirceur de ses écailles, il atterrit avec légèreté. Machinalement, je lui demande d’aller se placer derrière le bâtiment en attendant que je le rappelle. Il s’exécute et plane jusqu’à sa destination.

Tout en tenant toujours ma bravoure, je prends quelques pierres sur le sol et, comme dans l’un des romans, je me mets à les lancer maladroitement sur la fenêtre de la chambre de Léa. Aucune réaction. Je n’aperçois aucun mouvement, aucune lumière, aucune ombre, rien. Je tente le coup de nouveau, cette fois-ci en balançant une plus grande quantité de cailloux. Vainement. Rien ne se passe. Je sais qu’elle est là, pourtant. Je sais. Dans un ultime espoir, je m’époumone donc :


« Léa! Je suis sur le porche de ta demeure et crois-moi, je ne partirai pas avant que tu descendes. »

D’où je suis, je crois voir une silhouette apparaître dans les ténèbres de sa chambre. Viscéralement, je m’approche un peu plus alors que la fenêtre s’ouvre. Je la reconnais. Elle me reconnait. Je décoche un sourire sans le vouloir. Je deviens inconditionnellement heureux. J'ai l'impression de gambader sur place.

« Je ne sais pas si tu avais quelque chose de prévu ce soir, mais il faudra annuler. Aujourd’hui, tu viens avec moi, et ce n’est pas une proposition. »

Je me mets à rire.

« Habille-toi chaudement, Léa. Je t’attends. »
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MessageSujet: Re: Près des étoiles   Près des étoiles Icon_minitimeJeu 24 Jan - 23:13

La dernière chose à laquelle je m’attendais, c’était de la voir plonger par la fenêtre pour me rejoindre. Et maintenant qu’elle est en chute libre, mon cœur s’arrête. Je veux faire un pas en avant pour la rattraper avant qu’elle ne s’effondre, mais mes muscles refusent d’obéir, transis par la peur. Elle est sur le point d’entrer en contact avec le sol, et je me tiens là, inapte, immobile. Sans le vouloir, je ferme les yeux. Quand je les rouvre, elle se laisse tomber dans le creux de mes bras, souriant, rigolant, soupirant avec allégresse. Je l’imite. Je me calme. Et je profite de ces quelques secondes qui me sont offertes pour la serrer un peu plus fort.[/i]

« Emmène-moi loin d'ici! »

Qu’elle me dit en s’évadant de mon emprise. Instinctivement, je veux lui répondre, mais je me contente du silence. Je veux l’impressionner, je veux créer un souvenir. Je veux que chaque seconde qu’elle passe auprès de moi soit gravée dans sa mémoire. Je veux piquer sa curiosité comme elle pique constamment la mienne. Je veux tant de choses. J’ai beaucoup trop d’attentes. Pourtant, je m’avance dans cette histoire aveuglément. Je ne sais pas ce que je fais. Je ne sais pas si ça lui plait.

Ainsi, je la prends par le bras, mais, stimulé par je-ne-sais-quoi, je laisse glisser ma paume sur son coude puis sur son poignet avant d’empoigner sa main avec tendresse. Au même moment, une ondée d’émotions me brutalise. Je frissonne et je frémis, ne comprenant pas trop ce qui se passe. J’ai l’impression que, pour la première fois, mon cœur et ma tête s’entendent parfaitement et qu’ils me disent, en chœur et à tue-tête, que le destin est beau et bon pour une fois, que le chemin est libre, que le hasard sera charitable. J’espère que je ne me trompe pas. J’espère que j’ai raison, cette fois-ci, d’espérer.

Avec toute la délicatesse du monde, je l’invite à me suivre. Ensemble, nous marchons jusqu’à l’arrière de son logement. Quand nous tournons le coin qui débouche vers la cour arrière, je ne peux m’empêcher de sourire en admirant le dragon de rose qui se tient majestueusement à quelques pas devant moi. À l’instant-même où je suis sur le point de lui ordonner de s’approcher, la chimère se retourne vers moi et, quelque part dans ce visage reptilien, je vois apparaître un rictus… Je vois, dans ses yeux, quelque chose qui reflète la confiance. Peut-être que tout me paraît soudainement plus illuminé et peut-être que je rêvasse, mais je sens que le dragon sait. Il sait qu’il est la clef de mon bonheur pour cette veillée.

Relâchant la main de Léa et agrippant mon bras sur sa hanche, je la ramène vers moi. Je ne sais pas si elle est effrayée à la vue de cette créature, mais je ne veux surtout pas la brusquer. Alors, lentement, nous nous approchons du dragon. Je suis émerveillé et je crois bien que mon émerveillement se fait ressentir dans le creux de ma voix :


« Mademoiselle, voici notre fidèle destrier pour cette rocambolesque soirée. »

Je la libère de mon emprise et je me mets à courir en direction du dragon. Comme si j’avais fait ça toute mon existence, je saute dans les airs et j’atterris directement sur le dos du reptile. Sur le coup, il ne peut s’empêcher de se tortiller un peu et, pour le réconforter, je lui tapote un peu la nuque. De là, je me sens si puissant, si fort. Je suis invincible, personne ne pourra jamais m’arrêter. Je peux atteindre les cieux, et plus loin encore! Je peux affronter l’impossible, et plus difficile encore! Je peux tout faire ou, mieux, je suis prêt à tout contrecarrer. Pour cette soirée, en tout cas, je suis invincible.

En souriant, j’ordonne au dragon de s’avancer vers Léa et d’abaisser sa tête. Alors que son museau se pose violemment sur le sol, je me relève et je descends en marchant sur sa tête. Sur la terre ferme, je reprends la main de mon invitée et je la dirige agilement jusqu'au dos de la bête. Elle s’installe derrière moi. Nous sommes donc prêts à partir. Cependant, à la seconde même où je suis sur le point d’entamer notre ascension, je sens ses doigts qui s’accrochent à ma taille. Je perds conscience, j’en suis sûr. La sensation est si incroyable, si indescriptible et si… inégalable. Un frisson me parcourt l’échine et tous les muscles du corps. Pour la énième fois, je souris encore et encore, en rajoutant :


« Prête? »

Je n’attends pas sa réponse. Le dragon se détache du sol à la verticale et commence à battre des ailes de plus en plus vite en traversant tous les jardins radieux. À vol d’oiseau, cette cité dorée est clairement fabuleuse. C’est plus beau que tout ce que j’ai osé voir au cours de mon existence. Le soleil venant de se coucher, les lanternes commencent tranquillement à consteller la ville. De là où nous nous trouvons, le Jardin Radieux est comme un ciel étoilé sur la terre ferme. J’en suis abasourdi. J’espère qu’elle l’est aussi.

Le vent me flagelle le visage de plein fouet et je commence à grelotter un peu plus à chaque seconde. Je prends donc la décision de nous diriger vers l’endroit que j’admire depuis déjà plusieurs semaines : le château de celle qu’on appelait Maléfique. Aujourd’hui désert, c’est l’endroit idéal, presque utopique, pour parler seul à seule. Elle appréciera elle aussi, j’en suis certain.

Ainsi le dragon fend l’air et nous dépose sur la plus haute tour du palais. De mon sac, je défouraille un peu de vin, des coupes et une étoffe d’une grandeur infinie. J’ordonne à ma chimère de disparaître et elle s’estompe sur-le-champ dans une explosion de pétales de rose qui viennent pleuvoir sur nous. Franchement, je ne m’attendais pas à cela, mais je fais comme si tout était prévu. Je l’invite à prendre place sur l’une des rambardes de la tour alors que je le fais aussi.


« Alors, tu es surprise? »

Je n’attends pas de réponse de sa part. À vrai dire, veux-je vraiment le savoir? Je ne sais plus. Tout ce que j’espère, c’est qu’elle soit bien dans l’immédiat et qu’elle puisse profiter de ce panorama à couper le souffle. Elle n’a pas d’autre choix que d’apprécier, après tout. Un ciel noir et totalement étoilé, une atmosphère chaleureuse dans un froid plus ou moins glacial, de la bonne compagnie et du vin… Quoi de mieux?

Cette fois-ci, plutôt que de la bombarder de questions, je décide de commencer la discussion d’une façon totalement différente. D’une voix tellement douce qu’elle me surprend moi-même, je dis :


« En général, les gens aiment regarder le ciel pendant la nuit. Ils aiment regarder les étoiles, contempler les constellations, trouver les astres les plus brillants… Mais moi, je fais partie des quelques uns qui ne regardent pas tellement les étoiles. »

Elle se demande probablement où je veux en venir. Je comprends.

« Je préfère regarder entre elles. L’infinité qui les sépare. D’où nous sommes, nous avons tendance à penser qu’elles sont proches l’une de l’autre, mais des distances incroyables les séparent, en fait, que je dis en remontant la couverture et en la faisant glisser sur les cuisses de Léa. Ce que j’aime dans ce ciel étoilé, c’est bien l’infini et toute la liberté que ça m’inspire. »

Je remonte mon capuchon, tentant de braver la température.

« Tu es un peu comme ce ciel. Tu m’inspires tant de choses. »

Je rigole nerveusement et je rajoute sans même le vouloir :

« Mais quel idiot je fais! Je ne t'ai même pas demandé si tu allais bien! ... Comment tu te portes, Léa? »
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MessageSujet: Re: Près des étoiles   Près des étoiles Icon_minitimeVen 25 Jan - 19:27

Tout est parfait, je n’ai pas à m’inquiéter. Tout est parfait… Je pourrais dire la même chose, moi aussi. Dans le moment présent, tout me semble idéal. Je me sens bien, je me sens calme, je me sens heureux. Et par-dessus tout, je me sens libre, c’est tout ce qui importe. Au fond, elle est comme une forme de liberté qui me fait sourire à travers de vieux souvenirs, des espérances et par une mélopée d’émotions. Nous sommes immobiles en haut de cette tour, mais pourtant, j’ai l’impression qu’on voyage, qu’on se gambade dans mes pensées, dans les siennes, dans nos rires, dans nos soupirs. Elle me fait comprendre une infinité de choses que je n’avais jamais comprises avant. À ses côtés, au rythme de quelques rencontres, j’ai grandi plus que pendant les dix dernières années. Je n’arrive pas à comprendre ce qui se passe et encore moins ce qui arrivera, alors je me contente de ne rien espérer et de ne rien regretter. J’ai grandi, c’est l’important.

Mais ce n’est pas parce que j’ai maturé que j’ai perdu mon insouciance… C’est étrange, je sais pertinemment que je suis naïf, mais je ne veux rien y changer. Je veux me laisser émerveiller par tout ce qui m’entoure, je veux apprécier chaque moment comme si c’était le meilleur de tous, je veux profiter de chaque seconde qui m’est offerte comme si elle présageait ma mort. Je veux garder mon âme d’enfant, mon âme innocente… Avec Léa, je peux la garder. Je peux rester tel que je suis. Je n’ai pas à parler comme de grands arrogants ou à me faire vaniteux pour l’impression, pour la captiver – je l’espère. Je n’ai qu’à jouer les cartes de l’authenticité et elle semble apprécier. J’apprécie qu’elle apprécie. Je l’apprécie, en fait.

J’apprécie un peu moins le froid qui s’acharne sur nous. En tout cas, je ne l’appréciais pas quelques secondes plus tôt. Cependant, la voilà qui est blottie contre moi, qui me réchauffe de son affection. Instinctivement, je l’emprisonne de mes bras. Et nous nous retrouvons là, au milieu de cette température glaciale, sous une étoffe de laine, avec quelques verres de vin en espérant passer de bons moments.
Je me rends alors compte que je lui fais confiance. Que je me sens bien avec elle, et que je lui fais confiance. Je pourrais tout lui dévoiler de mon existence toute sauf banale, et je suis certain qu’elle accueillerait tout les bras grand ouverts. Elle ne porterait même pas de jugements, pas de regards perplexes, pas de soupirs suspicieux. Peut-être que je me trompe, mais je pense qu’elle m’écouterait, en ce, en plus de m’entendre. Elle ferait comme je l’ai fait lors de notre première rencontre, elle ferait tout ce que les gens dans le train ne feraient jamais.

Je pourrais tout lui dire, mais je ne le ferai pas. Je ne veux pas rationaliser la magie du moment, je ne veux pas qu’elle se pose des questions. Je ne veux pas penser à l’Unique. Je veux simplement penser à elle qui est collée contre moi.


« Tu vas peut-être penser que c’est bizarre, que je dis en la resserrant un peu plus, mais j’ai longtemps hésité avec de t’inviter, ce soir. C’était plus fort que moi, mais je voulais que tout soit parfait et que tu te plaises pendant cette veillée. Si tu savais le nombre de livres que j’ai lus pour trouver l’endroit et le moment idéal pour t’inviter, tu trouverais que je suis assez désespéré. »

Je deviens soudainement presque sérieux.

« Je le suis peut-être. »

Non, je ne suis pas désespéré. Je n’ai jamais eu autant d’espoirs qu’à cet instant précis. Dans le passé, j’ai toujours espéré un avenir où j’étais libre et heureux, mais libre et heureux dans ma solitude. Je me voyais vivre de mon art, vivre de mes mots, galoper sur des champs infinis sur Destin, assister aux spectacles les plus incroyables, transmettre ma passion, devenir ménestrel peut-être, mais voilà que tout change. Tout change avec une brutalité que je trouve pourtant si tendre. Maintenant, je me vois à deux. Je suis incapable de me dissocier. Je la vois, elle, quelque part, et moi, tout près. Je prends conscience au fil du temps qu’elle pique beaucoup plus que ma curiosité…

Ainsi, je la ramène vers moi d’un geste doux et je pose ma tête sur la sienne. À travers deux bourrasques, je parviens à murmurer quelque chose de plus ou moins intéressant, mais qui vient doucement briser le silence :


« Depuis quelques temps, aussi, j’écris beaucoup. De longues fables d’amour. Tu es comme ma muse, que je commence en faisant référence au Consulat, et je ne suis qu’un héraut qui transmet ma… ta passion à travers mes palabres. »

Au même moment, une brise trop fraîche vient s’infiltrer dans la faille de notre amure de laine et je frissonne. D’un bond, je me relève, je dégaine la dernière parcelle de parchemin et j’écris la première phrase qui me vient à l’esprit : « Tout à coup, alors que le vent était trop froid, mais que l’atmosphère était si chaleureuse, un ange descendit du ciel pour accompagner leur première valse. » À chacun des mots que je parviens à noter, je vis une gamme d’émotions différentes, passant de l’allégresse au soulagement, de l’amour au désespoir. Quand j’inscris le dernier mot, une musique émerge de nulle part et, du néant, un ange ailé vêtu d’une toge blanche et d’une harpe apparaît. La chimère se met à jouer une mélodie si belle que je me sens brusquement plus en forme.

« Allez, viens danser. »

Ce n’est pas une proposition, ni même une question. En tendant la main, je réussis à accrocher la sienne. Elle se remet sur pied rapidement et je la dirige vers le centre de la tour, là où nous restons immobiles un bon moment. Je la regarde, elle me regarde. Une synergie étrange mais ô combien agréable s’établit peu à peu…

Et ainsi, je pose mes mains sur ses hanches – je n’ose pas descendre plus bas – et elle m’imite en posant les siennes sur mes épaules. Comme si nous avions pratiqué cette danse beaucoup trop de fois auparavant, nos pas se suivent, se synchronisent et s’harmonisent. Et nous dansons. Je ne sais combien de temps nous dansons, mais nous dansons. Lentement. Tendrement. Délicatement.

Et avec toute ma passion.
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